Fonder une nouvelle famille, c’est se créer un idéal. C’est se projeter dans le futur avec quelqu’un et créer un conte de fée où tous vécurent heureux jusqu’à la fin des temps. Parfois, en tournant les pages de l’histoire, certains se rendent compte que la fin arrive plus tôt que prévu. Quand cela implique des enfants, le rêve peut rapidement virer au cauchemar.  

J’aimerais dire que quand je me suis séparée de Maman2, notre conte de fée s’est splitté en deux. Que nous avons continué nos chemins dans des directions opposées, parfaitement heureuses. Mais la réalité, c’est que ça a été laid. Pendant un bon bout.   

Outre les blessures individuelles, la séparation, lorsqu’on a de (très) jeunes enfants, amène son lot de défis. Nous avons opté pour la cohabitation les 6 premiers mois post-rupture, dans l’intérêt de notre plus jeune, trop jeune. Nous avons usé de beaucoup de stratégies pour que nos enfants ne nous voient pas nous quereller. Après tout, eux n’avaient pas demandé à vivre toute cette instabilité.  

Les premiers mois post-séparation ont nécessité beaucoup d’adaptation. Un conte de fée qui se termine demande beaucoup de patience et de compromis. Ne serait-ce que pour ce qui est de la garde partagée. Renoncer à 50% de la vie de nos enfants n’est pas toujours facile. À ce moment, j’ai dû me centrer sur les besoins de mes enfants. Maman2 est une excellente maman. Nos enfants ont autant besoin de sa présence que de la mienne. C'est cette perspective qui a rendu tolérable les premières soirées où la maison était vide.  

Après plusieurs mois de contacts distants, de poussière qui retombe, Maman2 et moi avons recommencé à nous voir prudemment. Parfois seules, pour clarifier certaines choses, d’autres fois avec nos enfants. À quelques reprises, ça a été difficile et nous avons repris nos distances. À d’autres moments c'était agréable. Peu à peu nous avons appris à nous réapprivoiser en tant que partenaires, car pour nos enfants, c’est ce que nous sommes.  

Aujourd’hui, il n’y a plus de poussières en suspens. La colère et l’amertume ont laissé place à beaucoup d’affection. Ma séparation avec Maman2 ne lui a pas enlevé toutes ses belles qualités. Elle les arbore toujours avec la même douceur et gentillesse que je lui connais. Je reste persuadée aujourd’hui, qu’elle a été la meilleure personne avec qui écrire cette histoire. Nous n'avançons plus main dans la main, mais côte à côte, en regardant dans la même direction. 

Et la fin heureuse de notre conte de fée? Elle porte deux noms, Émile et Flavie.

Crédit : Mireille Coutu Lessard