Je suis enceinte et j’ai perdu ma mère au début de ma grossesse. Ça a été la pire période de ma vie. J’étais extrêmement fatiguée et la nausée ne me lâchait pas, mais en plus, et surtout, je voyais ma maman adorée se détériorer sous mes yeux à une vitesse phénoménale. J’ai vécu de la culpabilité à ce moment-là, car j’avais l’impression de ne pas assez connecter avec mon bébé en devenir. Il faut dire que je n’y pensais pas énormément. Mon bébé était vraiment loin dans ma liste de priorités. Pour lui, j’essayais de manger quelque chose... et c’était déjà beaucoup.

J’ai mis du temps avant de me donner la permission d’être heureuse de cette grossesse. C’était comme si les émotions que je vivais étaient trop contradictoires pour vraiment coexister. Je me rends compte aujourd’hui que j’avais aussi très peur de perdre mon bébé au début. Comme si la vie ne pouvait pas me faire un aussi beau cadeau tout en me faisant si mal à la fois. Mais il s’est agrippé, mon petit amour. Petit à petit il est devenu un vrai baume à mon cœur. À force de le voir s’agripper, d’entendre son petit cœur battre à chaque rendez-vous médical, j’ai fini par l’accepter, mon petit bonheur.

Entre temps, ma mère m’a quittée. C’était ma conseillère en chef. Pour tout. Mais elle n’était plus là pour m’accompagner dans ma première grossesse. Au début, j'ai vécu ça comme un double deuil. À 20 semaines de grossesse, j’ai senti le vide plus que jamais. J’avais tellement envie de lui demander conseil, de savoir comment elle avait vécu la maudite rétention d’eau, elle. Plus la réalité de mon futur de maman se dessinait, plus la mienne me manquait. Je me demandais comment j’allais faire pour être une bonne mère sans ses conseils et son amour.

Pour m’aider, j’ai fait appel à une accompagnante à la naissance. J’ai trouvé une femme de confiance dont la présence m’apaise et qui sait ce que j’ai vécu. Elle m’a rappelé que je peux avoir confiance en mes nouveaux instincts de maman. Une idée révolutionnaire pour moi. Puis, en y pensant, j’ai réalisé que je porte en moi mille apprentissages sur la maternité que ma mère m’a transmis, parfois explicitement et bien d’autres fois, sans vraiment y penser.

Je me sens un peu mieux ces temps-ci. Je me sens de plus en plus prête à être une mère parfaitement imparfaite, à l’image de ma petite maman.