Je vous ai parlé récemment de ma fille qui a relevé le Défi Têtes Rasées pour Leucan. Courageusement, elle a accepté de raser sa tête et de faire don de ses longs cheveux châtains pour la cause. Comme elle le dit si bien : « La santé est une chance qu’on ne réalise pas très bien », surtout quand on a 11 ans et toute la vie devant soi.

Crédit : Photo personnelle de Geneviève Bédard

Dans la semaine précédant le jour J, elle semblait plus que jamais déterminée à aller jusqu’au bout. Jamais je n’ai senti d’hésitation ou de peur dans ses paroles ou dans son attitude. Ses rêves, par contre, témoignaient de la tempête d’émotions qui sévissait en elle. Allant d’un concours de beauté de forme de tête à un autre où ses cheveux repoussaient dès le clipper écarté, pas un matin de s’accompagnait d’une histoire complètement disjonctée.

Le matin du 29 mai, j’ai longuement brossé sa chevelure. Et intérieurement, je me suis reprochée toutes les fois où j’ai un peu tempêté contre la négligence qu’elle pouvait avoir à leur égard. Je pleurais ses cheveux, mais je le faisais en silence et en secret, pour ne pas l’ébranler. Avec des gestes trop solennelles pour une action que j’ai accomplie mille fois sans y prêter trop d’attention, je les ai tressés une dernière fois en savourant chaque torsade sous mes doigts. Comme la douceur de ses cheveux va me manquer!

Crédit: Photo personnelle de Geneviève Bédard

Une fois sur place, l’atmosphère était à la fête, un peu survoltée. En parlant avec quelques autres parents présents, les larmes me venaient vite aux yeux. Et je voyais ma fille qui me lançait des regards mi-contrariés mi-autoritaires. Qui voulaient dire : j’espère que tu ne me feras pas la honte de pleurer devant toute l’école! Oups. C’est difficile de décrire comment je me sentais alors que j’accompagnais ma fille dans cet événement important. Je ne sais pas ce qui était le plus fort en moi : l’admiration, la fierté, la peur, la tristesse.

Quand son tour fut venu, j’ai cru voir une première pointe de peur dans ses yeux, assez fugace. Mais quand elle a entendu les amis hurler son prénom, sa détermination a été renforcée. Elle souriait et papotait gaiement avec la coiffeuse. Une de mes peurs était qu’elle n’aime pas son visage lorsqu’elle le découvrirait dans le miroir pour la première fois. Elle a bien fait un OH! assez expressif, mais il était rempli de joie et de surprise. Et il faut dire qu’elle est assez jolie, avec son petit visage rond et ses grands yeux. Quelqu’un m’avait dit que pour les filles, on ne rasait pas à la peau habituellement. Mais, ce jour-là, ils étaient 38 jeunes à y passer, je vous jure que « ça y allait aux toasts ». Filles ou garçons, ils avaient tous la même tête bien lisse à la fin.

Crédit: Photo personnelle de Geneviève Bédard

Et j’ai quitté l’école à la fin de l’événement, le cœur gonflé d’amour, la tête remplie d’admiration et l’esprit totalement inspiré par le courage de tous ces enfants. Et avec dans mon sac, une longue tresse châtaine qui reposait sagement, prête à être remise à un organisme qui lui donnera une deuxième vie. Comme la vie peut être inspirante, belle, et un brin surréaliste! Maintenant, la tristesse et le peur ont laissé toute la place à l’admiration et la fierté. De voir son enfant faire un tel sacrifice volontairement restera un moment fort de mon expérience de la parentalité. Comme quoi, nous avons, nous aussi, des choses à apprendre de nos enfants.