Pour passer des points A à B, chaque enfant fera son propre chemin. Certains y vont à pas de course, d’autres prendront des détours insoupçonnés. Sur plusieurs aspects de son développement, ma fille a réussi rapidement à atteindre la prochaine étape alors que d’autres furent plus difficiles ou plus longs. 

La fin des vacances marquera son douzième anniversaire, et l’entrée officielle dans cette nouvelle phase de son développement:  l’adolescence. Avec ça viennent un paquet de trucs qu’elle réclame; des privilèges de « grande » comme rester à la maison plutôt que de nous accompagner à l’épicerie, se promener en vélo avec ses amis, se coucher plus tard et regarder un film « 13 ans et plus ». De plus en plus, les libertés qui lui sont accordées se bonifient, selon le degré de confiance et notre analyse de sa débrouillardise.

Sauf que la balance entre privilèges et responsabilités n’est pas toujours bien équilibrée. Elle réclame beaucoup de choses qui la feront se sentir grande. En contrepartie, elle dépend encore beaucoup de nos rappels pour la réalisation de tâches toutes simples comme se brosser les dents ou nourrir les animaux, par exemple. Ranger sa chambre ou défaire sa boîte à lunch n’est pas un automatisme. Ça mine ma patience, je l’avoue. On essaie de lui faire comprendre qu’en contrepartie de ce que nous lui accordons, elle doit aussi commencer à être de plus en plus responsable de ses choses. Elle apprend ce qu’est l’autonomie, et que ce n’est pas toujours facile ou cool d’être un adulte!

« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », comme disait si bien Ben Parker au jeune Spiderman. (C’est comme ça avoir un papa fan de superhéros).Et avec une maman qui a la manie des proverbes bien placés : « Ma fille, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre ». Bref, qu'elle apprécie ou pas, les adages pour l’aider à saisir sont monnaie courante à la maison.

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Crédit: Giphy

Il y a des jours où j’ai l’impression d’avoir une princesse sous mon toit. La balance pèse souvent plus lourd pour les réclamations que pour les gestes d’aide dans la maison. Si je lui accorde la permission de regarder un film le vendredi soir après 20h30, elle pourra demander, une fois bien installée sur le divan, un verre de lait au lieu d’aller le prendre elle-même. Et que dire des yeux qui roulent ou des soupirs de désespoir quand elle doit accomplir une tâche qu’elle juge ingrate ou tout simplement plate.

Mais il y a aussi d’autres fois où elle me surprend par sa maturité et sa débrouillardise. Quand elle s’y met, elle est capable de me cuisiner un repas ou un gâteau ET de bien ranger la cuisine par la suite. Il y aussi certains jours bénis où, de retour du travail, je retrouve un panier de linge plié ou le plancher parfaitement balayé. OK, ces moments-là sont encore plus discrets que ceux où je dois lui demander de l’aide. Souvent ça finit par un ton insistant pour la voir débarrasser la table ou que ses vêtements soient enfin dans la corbeille à lavage. Mais une petite surprise par-ci par-là me donne espoir et accroche un sourire sur mon visage.

Même si cela reste un souhait un peu fou, ma fille ne deviendra pas autonome en un claquement de doigts. Il y a encore pas mal de chemin à parcourir. Peu à peu, elle comprend que devenir grande comporte son lot de privilèges, mais aussi d'un nombre considérable de responsabilités. La balance penche d’un côté ou l’autre, selon les jours, mais je sais qu’elle y parviendra. Un petit pas à la fois.