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Mirianne Brûlé: Ce que j’aurais voulu savoir sur l’allaitement
Crédit: Mirianne Brûlé/ Instagram

Ça y est. Je suis maman. Après y avoir tant rêvé pendant toutes ces années. Après avoir porté la vie 9 mois durant, avoir vu mon corps se transformer jour après jour, avoir vécu les hauts et les bas de la grossesse qui m’a semblée si longue, voire même presque interminable à la fin… Après avoir suivi semaine après semaine le développement de cet enfant tant désiré, les rendez-vous chez le médecin, remplis d’angoisse et d’espoir que tout soit correct, que tout soit normal, que nous allions avoir un bébé en santé. J’avais hâte, tellement hâte de rencontrer ma puce, de la tenir dans mes bras, de la cajoler, de la trouver belle, de l’aimer à l’infini….de la nourrir. Par contre, après coup, il y a bien des choses que j’aurais aimé savoir sur l’allaitement.

 
 
 
 
 
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On a beau se préparer du mieux qu’on peut à devenir maman, lire tous les livres, surfer des heures sur le net, parler aux amies qui ont des enfants, prendre les cours prénataux, on ne peut toutefois pas devenir maman avant de devenir maman. On le devient au fur et à mesure, à chaque jour qui se présente et c’est une grande aventure remplie d’essais-erreurs. Au début, quand on devient maman, on flotte, on est sur un nuage hors du temps et de la réalité.

On se sent tellement privilégiée; on a mis un enfant au monde. Wow, c’est juste fou! On se sent forte, belle, capable de tout, une vraie héroïne!! Dès qu’on met le bébé sur toi à l’accouchement, l’enfant a le réflexe de chercher le sein. C’est naturel, c’est incroyable, tu te dis ça y est, je vais allaiter. Tu imagines que c’est aussi simple que ça, que la nature est bien faite, que tu es faite pour ça, que c’est merveilleux et tellement un beau moment à partager avec ton bébé. Tu te dis que tu es chanceuse et que pour toi, tout va bien aller, même si ta belle-soeur t’a dit qu’elle avait eu de la misère un peu, tu te dis non pas moi, moi je vais faire ça comme une championne.

Laissez-moi vous dire que dans mon cas, ce ne fût pas si simple que ça. Après la lune de miel, qui dure environ une semaine je dirais, les défis ont commencé à se pointer. D’abord et avant tout, le manque de sommeil qui s’accumule ne peut que nuire à cet apprentissage. Je dis bien apprentissage, car on doit apprendre à allaiter et cet apprentissage se fait à 2: la maman et le bébé. Ma petite, depuis qu’elle est née, a un fort besoin de succion, mais refuse systématiquement toutes formes de suces (je les ai TOUTES essayées, croyez-moi) ce qui fait en sorte qu’elle réclame le sein sans arrêt et que je suis devenue assez rapidement une suce humaine. En plus, ma cocotte est délicate et a une petite bouche et mes seins, après ma montée de lait, deviennent deux fois plus gros que sa tête. Ce qui fait qu’elle n’arrivait pas à prendre tout le mamelon dans sa bouche et donc, elle tirait de toutes ses forces sur le bout de mes mamelons. Ils sont devenus très rapidement en forme de biseau avec de belles fissures à vif, au sang.

Le début du calvaire a commencé; chaque tétée me faisait un mal de chien, des chocs électriques qui allaient jusque dans le bras, je sentais mon coeur battre plus fort dans ma poitrine, j’avais chaud, j’en devenais rouge de douleur. Les larmes coulaient sur mes joues en silence dans la nuit. Les jours passaient et je devenais de plus en plus découragée. J’ai cherché des solutions de toutes sortes; les crèmes, les ostéopathes, les marraines d’allaitement, etc. J’ai essayé de me tirer du lait pour donner une bouteille quand je n’étais plus capable d’endurer la douleur, mais elle refusait la bouteille et celle-ci finissait la plupart du temps dans le fond de l’évier, à ma grande déception. Finalement, il fallait juste attendre que ça passe. Que mes seins s’habituent, que mes bobos guérissent et que l’apprentissage se fasse.

 
 
 
 
 
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Ça m’a pris 6 semaines: 6 semaines de souffrance à être toujours sur le bord de lâcher. Mais je suis entêtée et je ne voulais surtout pas abandonner. Je le voyais comme une mission. Ma mission de mère, mon travail, ma responsabilité. Vous dire comment j’ai pleuré quand, à son premier rendez-vous, le médecin m’a dit les yeux remplis d’inquiétude qu’elle ne prenait pas assez de poids… La pression que je me suis mise sur les épaules par la suite… Je pense que j’ai fait une mini dépression et mon chum vous dirait sûrement que oui, vu le nombre de fois où j’ai pleuré la nuit en allaitant, en suppliant le ciel que ça arrête de faire mal. C’était vraiment une torture physique et mentale.

Si je partage mon expérience aujourd’hui, c’est parce que je sais que je ne suis pas la seule. J’ai commencé à discuter avec d’autres mamans sur les réseaux sociaux et dans mon entourage et je me rends compte que nous sommes plusieurs à passer par ce parcours du combattant.

Pourquoi personne ne m’en avait jamais parlé avant?

Est-ce un tabou de ne pas réussir son allaitement du premier coup?

Est-ce tabou de parler du fait que ce ne sont pas toutes les femmes qui réussissent à allaiter?

Est-ce qu’on peut se dire aussi que c’est ben correct d’abandonner si notre santé physique et mentale sont en cause? Que ce n’est pas un échec, que nous ne sommes pas de moins bonnes mères pour autant? Qu’il n’y a pas de honte à avoir. Qu’on peut en parler. On peut se dire tout ça?

Maman heureuse, bébé heureux. C’est une phrase toute simple prononcée par mon médecin qui est restée dans ma tête et qui joue en boucle. Peu importe les choix qu’on fait par rapport à l’allaitement, je crois que le plus important est de s’écouter et de respecter nos limites. Moi, j’ai certes poussé mes limites au maximum, mais je l’ai fait parce que je me sentais capable malgré tout et je le désirais très fort. Aujourd’hui, je suis extrêmement heureuse de l’avoir fait. Je vis aujourd’hui, 8 semaines après la naissance de ma fille, un allaitement super agréable et sans douleur. Je vis finalement ces moments magiques partagés dans une bulle d’amour et de détente avec ma fille qui grandit à vue d’oeil.

 

Où trouver de l’aide?

Les ressources disponibles

Avant tout, je dirais qu’il ne faut surtout pas hésiter à demander de l’aide. Il existe des ressources comme Nourri-Source pour trouver une marraine d’allaitement, les haltes d’allaitement des CLSC sont d’excellents endroits pour trouver le support le réconfort dont on a grandement besoin, les ostéopathes et les conseillères en allaitement peuvent aussi être d’une grande aide. Bref, tous les moyens sont bons pour essayer de se soulager et il ne faut surtout pas s’isoler avec le problème, car il va juste empirer.

 

Remèdes: Mon top 5

Comme je n’avais jamais entendu parler de ces trucs avant de passer par là et que j’aurais aimé les connaître, voici un Top 5 des remèdes qui ont sauvé mon allaitement ou, du moins, qui m’ont aidée à ne pas lâcher (on s’entend je ne suis pas médecin: demandez l’avis de votre médecin si vous éprouvez des problèmes et cherchez ensemble des solutions).

1- La crème Lanoline (en vente libre): Ça soulage un temps, mais dans mon cas, après un moment, ce n’était pas suffisant. Et surtout, c’est hyper graisseux et ça laisse des taches sur les vêtements. Tenez-vous-le pour dit.

2- La crème du docteur Newman (sous ordonnance) m’a énormément aidée à me soulager, mais comme elle contient de la cortisone et que je l’ai utilisée trop longtemps, après un moment, elle amincit la peau et ça n’aide plus à guérir les bobos. Donc, à utiliser avec modération.

3- Les téterelles (je sais, je n’avais jamais entendu ce mot de ma vie moi non plus) sont des embouts en silicone à porter directement sur les mamelons en allaitant pour créer un écran entre le sein et la bouche du bébé pour que ça fasse moins mal. Pour moi, ça m’a soulagée une semaine. Je pensais honnêtement que c’était un vrai miracle, je criais presque victoire. Mais après une semaine, ma petite a vite compris le subterfuge et refusait désormais le bout de silicone avec une moue de dégoût. C’était comme un plaster sur le bobo: ça soulage sur le coup, mais ça ne guérit pas. Mais si ça peut aider à ne pas lâcher, why not?!?

4- Finalement mon médecin m’a prescrit en crème deux des ingrédients de la crème du docteur Newman, mais de façon séparée: la Taro Mupirocin et la Clotrimaderm à appliquer 2 fois par jour seulement. C’est à partir de là que j’ai commencé à guérir. Enfin!

5- Ensuite, il faut se promener les seins à l’air le plus possible et ne pas porter de pads d’allaitements humides. Il faut que ça sèche pour que ça guérisse. J’avais même un petit éventail en papier et je me séchais les mamelons après chaque tétée (je sais, au revoir le sex appeal, mais il faut ce qu’il faut).

 

En terminant, j’ai juste envie de m’adresser aux nouvelles mamans qui, comme moi, ont de la misère avec l’allaitement, mais qui aimeraient vraiment que ça fonctionne. J’ai juste envie de vous dire: lâchez pas, vous êtes extraordinaires, vous n’êtes pas seules et surtout, vous êtes normales!

Parce que c’est ça qu’on a envie d’entendre quand on est une nouvelle maman et qu’on est inquiète de tout.

C’est NORMAL de trouver ça difficile, c’est NORMAL d’avoir besoin d’aide, c’est NORMAL d’être découragée, c’est NORMAL de pleurer et c’est aussi NORMAL d’arrêter l’allaitement si on n’est juste plus capable.

Je vous serre fort dans mes bras et sur ce, je retourne allaiter ma merveille!

Crédit: Mirianne Brûlé
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