Ça y est, c’est fait; je fais maintenant partie des statistiques. La COVID-19 a eu raison de moi. Mais ce soir, j’ai compris que ça allait bien aller… Je suis maman de trois enfants, travailleuse du milieu de la santé et atteinte de la COVID-19. Je ne pensais pas qu’un jour, un virus m’amènerait à faire une aussi grande prise de conscience. C’est en quarantaine, dans mon sous-sol, que je crois que j’ai compris que ça va bien aller. Et chéri, c'est grâce à toi.
 
Mon chéri, c’est maintenant toi qui es le phare de notre famille et qui en tiens les rênes. Du creux de mon lit, les joues remplies de larmes, le cœur rempli d’impuissance, j’écoute la vie se poursuivre dans la maisonnée. Je t’entends, mon chéri, tenter d’expliquer à nos enfants pourquoi maman n’est pas là ce soir: « maman a attrapé le gros méchant virus ». Tu leur souffles à l'oreille que pour les prochains jours, papa sera seul pour veiller sur eux, mais que ça va bien aller. Voilà, chéri, tu as trouvé les bons mots; ça va bien aller!
 
C’est avec impuissance que je t’entends gérer les tâches ménagères, les repas, les bains, les crises et les enfants seul, mais tu sais quoi? Tu y arrives très bien! Les journées passent et je les entends, mes amours, rire à gorge déployée des folies que tu fais pour les amuser. C’est avec empathie que je t’écoute les consoler et les rassurer dans leurs moments d’inquiétude. C’est avec fierté que je t’écoute inventer mille et une activités pour les amuser et leur apprendre un million de choses. C’est avec le sourire que je t’écoute encourager nos enfants pour qu’ils réussissent et se surpassent. C’est avec gratitude que je t’écoute fredonner à nos enfants les berceuses que j’ai l’habitude de leur chanter le soir, à l’heure du coucher. C’est avec une grande sérénité que je t’entends leur dire des mots doux et des « je t’aime » à profusion avec les mêmes petits surnoms d’amour que j’ai l’habitude de leur donner.
 
C’est du fond de notre sous-sol que je constate, une fois de plus, que tu es le meilleur père que je pouvais espérer pour nos enfants. Malgré la maladie, cette quarantaine aura eu quelque chose de bon pour moi. Chéri, ce soir, je me couche sereine avec le cœur léger et rempli d’un amour et d’une fierté indescriptibles. Je me compte chanceuse de t’avoir dans ma vie et de t’avoir choisie comme père pour nos enfants. Nous formons une équipe, certes, mais je comprends maintenant que tu peux y arriver très bien sans moi.
 
Chéri, ce soir, des larmes coulent sur mes joues; ce sont des larmes de joie. Mon amour, ce soir, j’ai compris. J’ai compris que si je mourais demain, ça irait bien pour notre famille et aussi que je peux compter sur toi. Oui, une maman, c’est important dans la vie d’un enfant, mais s’il m’arrivait quelque chose, j’ai maintenant l’esprit tranquille de me dire que tout ira bien. Cette crainte ancrée en moi de vous quitter un jour est maintenant apaisée, un peu. Bien sûr, je veux passer ma vie auprès de vous, mais je vis maintenant avec le cœur plus léger. Chéri, peu importe où la vie nous mènera, je sais maintenant que ça va bien aller!
 
Je vous aime plus que tout au monde...

 

Crédit:Crédit: Kim Paquin Lemay

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