10 septembre, test positif. Danse de la joie dans la maison, qu’est-ce ce qu’on la voulait, cette chipie! Puis, une grossesse merveilleuse, 8 mois de pur bonheur. 
 
Arrive ce dimanche. Ce matin où je me lève et je ressens cette différence. Ce ventre mou. Inquiète, je bois du jus d’orange frais, je mange du raisin, je me pose sur le côté. Je prends un bain. Rien. Pas un mouvement. Pas un signe de notre petite Apolline. Inquiète, j’appelle la sage-femme qui arrive en 10 minutes. 
 
Monito, pas de battements. La descente aux enfers commence. Pompier, Samu, ambulance, me voilà à la maternité et très vite tout s’enchaîne. « Son petit coeur s’est arrêté. ». Quoi? Comment? C’est pas grave, on a qu’à me faire accoucher, après tout ? Vite. Allez. 
 
Mais non. Il est trop tard. Ma fille, sans vie, doit rester là jusqu’au déclenchement, 3 jours après...
 
Dans ce malheur, ce torrent de larmes, ma fille naît le 5 mai 2020, à 13h50. À ce moment, c’est le bonheur le plus intense; à la fois merveilleux et terriblement silencieux. On nous l’apporte, elle est belle, rose, grande, et pèse bien son poids. Aujourd’hui, je suis ta maman pour de vrai, physiquement. C’est la plus belle rencontre, le plus beau jour de ma vie. Puis... trois heures après, le cauchemar recommence quand on me la prend. 
 
Le coeur lourd et le ventre vide, on rentre, seuls sans elle. De la préparation du baptême à celle d’un enterrement, tout s’écroule. 
 
Depuis, il faut apprendre à survivre. Aucune explication n’existe, les résultats ont donné les réponses « faute à pas de chance » et « mort subite du nourrisson in utero ».
 
Apprendre à tout déconstruire, enlever le cododo près du lit, la chaise haute, la table à langer dans la salle de bain, les biberons dans l’armoire, les vêtements avec étiquette, la valise de maternité, la peinture de la chambre, le prénom en tricotin... 
 
Et tous ces espoirs imaginés : les regards complices, les cris dans la nuit, les biberons, les couches à changer, les premiers pas, les premières vacances, les premiers mots, et plus encore... 
 
À notre fille, notre toute petite, notre Apolline, 47cm, 2,4kg et une étoile baptisée à ton prénom pour que personne ne t’oublie jamais, chérie. 
 
Crédit:Illustration par Anne Mahler

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