Avant d’accoucher, j’étais une maman parfaite. Je m’étais fait bien des idées, je m’étais dit je ne ferais pas d’erreur, cela faisait 4 ans que je t’attendais j’ai eu le temps de me préparer.

J’allais t’accueillir en toute sérénité, j’allais faire mon peau à peau pour ensuite laisser les docteurs te regarder, j’allais te donner ton premier bain, j’allais changer ta couche en toute confiance, j’allais te faire dormir dans ta petite bassinette près de moi, j’allais t’allaiter.

Au retour à la maison, j’allais te faire dormir dans le moïse, j’allais te sortir pour que tu vois le monde, j’allais faire des promenades en carrosse, je n’allais pas mettre de télévision avant 2 ans, j’allais te bercer et te raconter des histoires tous les soirs.

J’allais t’apprendre en vieillissant à être respectueuse, à écouter lorsque je disais non, à dormir dans ta chambre, je ne te laisserais pas gagner avec une crise, et j’en passe beaucoup.

Mais, je t’ai eue.

Je t’ai accueillie avec une ventouse en criant du plus profond de mon être, je te tenais tellement fort en larmoyant et je ne voulais pas te laisser aux docteurs. J’étais déjà mal partie. La première nuit, tu as uniquement dormi sur moi, car de tout mon cœur, je n’étais pas capable de te poser, toi si belle et si parfaite. Mon cœur se remplissait d’amour à une vitesse incroyable.

Puis, est arrivé le moment de changer ta couche, ce que j’ai fait de façon maladroite. Ton premier bain a été donné par l’infirmière, car je n’avais aucune idée comment j’allais te forcer à te mouiller. J’ai tellement essayé de t’allaiter, mais je n’ai pas réussi et je me suis torturée pendant des semaines à pleurer à chaque biberon.

De retour à la maison, je ne t’ai pas fait dormir dans le moïse, car tu pleurais et n’étais pas bien. Loin de moi la capacité de laisser mon petit être parfait inconfortable, donc tu as dormi sur moi et je n’ai pas dormi. Tu as pleuré des heures et des heures sans que rien ne puisse te calmer. Soudainement, j’avais peur de toutes les bibittes et les virus imaginables et je ne voulais plus te sortir. Lorsque j’ai décidé d’essayer une marche à la poussette, tu as hurlé.

Comment allais-je faire?

Puis, j’ai appris à être marginale. J’ai appris qu’il avait toute une autre vision du monde de la parentalité. J’ai appris que c’était correct de ne pas laisser pleurer ton bébé seul, mais que c’était correct aussi d’accompagner les pleurs avec de l’empathie et de la patience, que le cododo était une source de réconfort mutuel, que le portage pouvait remplacer la poussette et calmer ton anxiété, etc. J’ai appris qu’il y avait plein de livres d’auteurs et de docteurs sur le parentage proximal et bienveillant. J’ai appris à choisir mes batailles et à être ouverte d’esprit. J’ai arrêté les jugements et j’ai commencé à faire ce que mon instinct me poussait à faire.

Je n’étais pas une maman parfaite, je ne suivais pas les normes occidentales, je récoltais des jugements pour mes choix plus marginaux. Mais, j’ai aussi rencontré plein de mamans qui, comme moi, ont décidé de suivre une voie de parentage différent de celles qu'on observe majoritairement dans notre société, dans notre génération.

Grâce à toi, je suis devenue TA maman. Je t’accepte comme tu es. J’ai décidé de t’accompagner et de t’aimer au lieu de te faire obéir aux normes sociales qui ne te convenaient pas et qui t'empêchaient d'être bien.

Je t’aime Alexe.

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