Il y a un an, lors d’un rendez-vous de suivi pour mon bébé, j’ai discuté avec mon médecin de famille. Après plusieurs années d’auto-observation de certains symptômes que je vis lors de mon ovulation et près de mes menstruations, je lui en ai dépeint le portrait.

Anxiété, colère, irritabilité, humeur dépressive, perte d’intérêt pour des choses que j’affectionne normalement, insomnie, sentiment d’être dépassée par les événements et d’une perte de contrôle. Ajoutons à cela une brochette de symptômes aussi éclectiques que des changements au niveau de ma vision, diminution de la coordination, libido inexistante, étourdissements, palpitations cardiaques, spasmes musculaires et douleurs incapacitantes au dos.

Toute ma vie, j’ai pensé que tout ça était normal. Notre fardeau de femme, quoi. Mon médecin de famille m’a alors dit qu’il est normal de ressentir certains symptômes psychologiques et physiques durant le cycle menstruel, mais qu’un tel éventail, et de cette intensité, semblait plutôt indiquer un trouble de dysphorie menstruelle ou en anglais pre-menstrual dysphoric disorder (PMDD).

Sans grande surprise et comme pour bien d’autres problèmes de santé typiquement féminins, il y a très peu de recherches faites sur ce trouble et il est peu connu des professionnels de la santé. Selon la Harvard Medical School, c’est pourtant 5% des femmes en âge d’enfanter qui vivent avec celui-ci.

Dans un texte informatif publié par l’université Johns Hopkins, il est mentionné que parmi les traitements susceptibles d’améliorer la qualité de vie et la gestion des symptômes de cette maladie chronique, on retrouve certains changements dans l’alimentation, exercice régulier, gestion du stress, suppléments de vitamine B6, de calcium et de magnésium, médicaments anti-inflammatoires, antidépresseurs (SSRI) et la pilule anticonceptionnelle.

Il ne faut pas prendre ce trouble à la légère. C’est une condition qui perturbe non seulement les activités du quotidien, mais aussi les relations interpersonnelles et qui peut nuire au bon fonctionnement au travail. Une certaine proportion des femmes atteintes ont même des pensées suicidaires intermittentes. C’est une condition tellement intense qu’elle est parfois confondue avec un trouble de bipolarité par les personnes qui en souffrent. 

Si, comme moi, plusieurs de ces symptômes vous collent à la peau cycle après cycle, année après année, songez donc à en discuter avec votre médecin de famille. C’est une condition sérieuse qui a un gros impact sur le quotidien et il est possible d’améliorer votre situation.