Avez-vous écouté le film La reine des neiges 2? Elsa, la reine, est la seule a entendre cette voix qui l’appelle au loin. Même si elle tente de l’ignorer, cette voix est omniprésente. Et bien la reine des neiges, c’est moi. Cette voix, je l’entends depuis des années. Et aujourd’hui, je brise le silence et je pars à l’aventure pour suivre cette voix…

J’ai 33 ans, 3 jeunes enfants et une très belle carrière devant moi. Je suis représentante pharmaceutique et j’ai dernièrement eu une promotion comme responsable des comptes majeurs. Ça sonne bien sur un CV et dans une conversation. Et pourtant, j’entends cette voix depuis des années qui me crie d’aller enseigner. Oui, enseigner au primaire et préscolaire. Oui, ce métier dont tout le monde parle en ce moment. Ce métier où il y a une pénurie de main-d’œuvre. Alors que plusieurs veulent quitter le bateau pour tellement de bonnes raisons, moi, j’ai envie d’aller ramer avec les quelques-un.e.s encore en place. Moi, j’ai envie de quitter ma profession d’abondance pour faire la différence dans un métier peu reluisant. Je vous l’ai dit, j’ai cette voix que je n’arrive pas à taire.

Suivre cette voix n’est pas chose facile. Il ne s’agit pas d’aller travailler dans une école du jour au lendemain. Non. Je dois tout recommencer, comme si tous mes acquis des dernières années ne valaient rien. J’aurais aimé que mon baccalauréat soit reconnu et que j’aille seulement quelques cours de pédagogie à faire, à temps partiel. Non, ça n’existe plus cette formule-là. Si je veux enseigner, je dois tout lâcher et entamer des études à temps plein en enseignement. Je dois m’endetter pour retourner aux études à temps complet pour graduer dans seulement 4 ans, et ce, avec un salaire beaucoup plus bas que celui que je gagne en ce moment. Et mes obligations financières de maman de 3 enfants sont beaucoup plus élevées que lorsque j’avais 20 ans. En plus des heures d’études avec 3 jeunes enfants. Rationnellement parlant, ça n’a aucun sens que je lâche tout pour retourner aux études pour devenir enseignante. Mais qui a dit que pour suivre sa voix, il fallait prendre le chemin rationnel?

Au bout du compte, j’ai 33 ans. Il me reste encore au moins une trentaine d’années à travailler. Je dois m’assurer de faire ce que j’aime et ce que j’ai envie de faire. Ma démarche peut sembler folle vue de l’extérieur, mais tous ceux qui me connaissent me répondent sans équivoque: « Oh mon Dieu, je te vois tellement enseigner! ». Alors voilà, je fais le grand saut, je me lance dans le vide. Mais je n’ai pas d’autres options. Après tout, je ne peux pas éteindre cette voix encore 30ans…